Si on m’avait dit pendant mon adolescence que je plairai physiquement à des hommes, je pense que j’aurais continué à ne pas croire à l’astrologie ;-)
Mon histoire semble banale tant j’ai entendu la même (bien heureusement pour nous toutes !) mais je pense que les hommes doivent savoir ce que c’est… pour mieux nous apprécier !
Les années collège
Au collège, j’étais dans la catégorie « petite intello timide ». J’étais très copine avec la première de la classe, alors que j’étais deuxième. Cette copine n’avait qu’une peur : que je lui vole la vedette de « la première de la classe ». La gloire m’importait peu (et c’est d’ailleurs toujours le cas ;-) !) et je n’avais pas envie de fournir d’efforts pour atteindre la première place du tableau. Il me suffisait de le prétendre devant la famille et c’était amplement suffisant pour qu’on me laisse tranquille.
Avec cette étiquette « intello » dans un collège de campagne sans trop de problème, on ne me cherchait pas de noise. Simplement, je n’avais pas vraiment d’autres amis. Ca me convenait bien : les filles « populaires » me semblaient superficielles et nullement intéressantes, et la mode ne m’intéressait absolument pas. Je continuais bien tranquillement ma vie de petite fille.
J’étais « amoureuse » du même garçon depuis le CE2, qui refusait qu’on sorte ensemble. Ce n’était pas bien grave, je ne vois pas ce que j’aurai pu faire de plus avec un petit copain à part m’exhiber « Ah vous avez vu les filles trop populaires, la petite intello aussi peut avoir un mec ! ». Mais je ne voulais pas n’importe quel garçon. Et de toute façon aucun garçon n’aurait voulu de moi.
J’étais pourtant mince, avec des traits assez fins, et je n’avais pas d’acné (ni de seins). Pas moche quoi. Mais au collège, le style fait tout. Je n’en avais pas, et je n’en avais rien à faire. Tout était bien.
La prise de conscience
Au lycée ensuite, j’ai pris conscience de ma différence. J’ai rencontré des amis géniaux, qui me comprenaient et qui eux aussi avaient un côté décalé. Me sentant plus à l’aise et plus mature, j’ai soudainement ressenti le bouillonnement des hormones. Ah oui, je comprends ce qu’est un petit ami, un compagnon, un homme, le sexe, tout ça. Les hommes qui me plaisent sont toujours des hommes un brin subtils, un brin comme moi : différents. Évidemment, mon goût pour la mode n’ayant pas beaucoup évolué (bien que j’ai fait des efforts !) je reste une fille cool mais pas attirante. J’ai bien eu un copain ou deux, quelques jours chacun, mais j’avais l’impression qu’ils n’osaient pas se montrer avec moi. Ce n’est pas grave, c’est comme ça : je ne suis pas assez jolie pour plaire. Seules les bimbos en mini jupe et haut décolleté plaisent aux hommes. Et bien tant pis pour moi, c’est la vie.
Un premier essai
Emprisonnée dans cette idée que jamais je ne pourrai plaire physiquement, j’ai rencontré un homme pendant mes études. Il était mignon, il était sympa, il était intelligent, il était drôle. Bref, j’ai craqué. Heureusement pour moi, il faisait partie des mecs qui ne s’arrêtaient pas au physique. A cette époque, j’ai pris un peu de poids. Je suis passée de « sportive élancée » à « gros boudin », selon mon échelle propre à l’époque. Et je me suis pris des réflexions pendant toutes les années que nous avons passées ensemble.
Bien. Je suis grosse. Bon. Ça ne va pas arranger mon affaire tout ça. A notre rupture, j’ai encore pris quelques kilos, mais aujourd’hui, tout a changé… :-)
L’acceptation
Depuis je n’ai pas perdu un gramme. Mais mes 53 kilos pré-bac ne me manquent plus le moins du monde. Quand je me vois dans la glace, je me rends bien compte que je ne suis pas grosse, pas trop grosse. J’ai un peu de gras autour du ventre, sur les cuisses, dans les joues. Mais je ne suis pas « ronde ». Et pire ! Je trouve que les femmes rondes sont belles !
Cette acceptation a été pleine lorsque j’ai regardé ce que sont devenues mes « filles populaires » du collège et du lycée sur Facebook (comme presque toute femme normalement constituée j’imagine). HAHA ! Elles ont presque toutes des enfants, ne prennent plus soin d’elles, et ressemblent à des femmes tout ce qu’il y a de plus banales (et je ne parle même pas de leurs maris).
Je me dis que j’ai eu la chance de ne pas compter sur mon physique et d’avoir pu me forger une vraie personnalité et des convictions (même si l’éducation que m’ont donnée mes parents y est pour beaucoup aussi). Et ma joie de vivre, mon plaisir de partager ma bonne humeur avec le plus de personnes possible. Je crois que c’est ça qui m’a sauvé :-)
Je sais que je vieillis irrémédiablement, mais je sais désormais que la vraie beauté ce n’est pas la beauté physique. C’est toute notre personnalité. Je ne suis pas une femme aigrie. Et je veux ne jamais l’être ! C’est ce qui fait aujourd’hui mon charme. Je m’assume. Je me plais à moi-même. Je plais à mon chéri qui me montre tous les jours à quelle point je suis belle à ses yeux. Et être belle à ses yeux c’est ce qui me rend belle aussi aux yeux des autres.
Conclusion
C’est un bas sentiment de vengeance qui a gagné mon esprit, mais tant pis, c’est si bon !
Ces filles si belles si parfaites d’autrefois (il y en a encore des filles parfaites qui ont 30 ans et que l’on regarde en bavant de jalousie) seront fanées demain ou utilisées par des hommes vides pour leur plastique uniquement…